Maxime Guennoc, Direction engagement et communauté
Le mois dernier, c’était la Toussaint… euh non, Halloween… Sur CNews, les cathos réacs s’indignaient des “profanations” d’Halloween, tandis que les vitrines débordaient de sucre, de plastique et de mises en scène glauques. Moi, j’avais juste envie de célébrer l’automne, le rythme qui s’adoucit et, pourquoi pas, de penser à mes proches disparus.
Par hasard, je suis tombé sur un petit événement sur La Plaine (Marseille), organisé par un collectif sans nom. On y célébrait l’automne et les morts de manière joyeuse, simple, populaire. Chacun était invité à participer : une œuvre collective, un autel pour rendre hommage, une crieuse publique qui lisait les dédicaces à voix haute, de la musique, des contes, des boissons chaudes. Rien d’extravagant, rien de “perché” ou d’ésotérique, juste de la convivialité. Et ça m’a fait du bien.
Mais alors, qui s’occupe encore de nos rites ?
Je parle de nos rituels collectifs : fêtes de village, inaugurations, passages de saisons, commémorations… À la souche, il y avait sans doute des chamanes, puis les religions monothéistes ont pris la main. Aujourd’hui, pour les autres, qui s’en charge ? Les collectivités ? Oui, mais on tombe souvent dans le protocole froid, la communication, le politique. Les multinationales ? Probablement, mais seulement à condition de consommer. Alors bien sûr, les associations organisent fêtes et festivals ; on y consomme de la musique et des performances… Mais on sort rarement du rôle de public et les programmes s’adressent généralement à une culture spécifique.
J’ai l’intuition qu’on manque d’espaces et d’organisations capables de faire émerger de vraies célébrations collectives, de faire naître nos “sacrés communs”, de rassembler au-delà des confessions et des partis.
Je pense aussi aux rituels individuels : naissances, unions, deuils. On se retrouve souvent seuls, coincés entre les formes imposées par la religion ou l’administration, qui dénaturent ces moments. Pourtant, avec peu de moyens, beaucoup d’écoute, on pourrait imaginer des trames souples, adaptées, respectueuses de ceux qui traversent ces passages.
Nos espaces communs, nos tiers-lieux, offrent un terrain idéal pour ça : des lieux ouverts, agiles, capables d’accueillir mariages, hommages, fêtes de saison, créations spontanées. On voit timidement émerger ces usages. Encourageons-les ! Ouvrons nos lieux aux célébrations familiales — imaginons des protocoles pour faire émerger des objets de célébration collective à partir de l’existant. Cela contribuera forcément à lutter contre l’effritement de notre société.
