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16.12.25 – Le billet d’humeur de Max Publiée le 16.12.25

Maxime Guennoc, Direction engagement et communauté

Le mois dernier, c’était la Tou­s­saint… euh non, Hal­loween… Sur CNews, les cathos réacs s’indignaient des “pro­fa­na­tions” d’Halloween, tan­dis que les vit­rines débor­daient de sucre, de plas­tique et de mis­es en scène glauques. Moi, j’avais juste envie de célébr­er l’automne, le rythme qui s’adoucit et, pourquoi pas, de penser à mes proches dis­parus.

Par hasard, je suis tombé sur un petit événe­ment sur La Plaine (Mar­seille), organ­isé par un col­lec­tif sans nom. On y célébrait l’automne et les morts de manière joyeuse, sim­ple, pop­u­laire. Cha­cun était invité à par­ticiper : une œuvre col­lec­tive, un autel pour ren­dre hom­mage, une crieuse publique qui lisait les dédi­caces à voix haute, de la musique, des con­tes, des bois­sons chaudes. Rien d’extravagant, rien de “per­ché” ou d’é­sotérique, juste de la con­vivi­al­ité. Et ça m’a fait du bien.

Mais alors, qui s’occupe encore de nos rites ?

Je par­le de nos rit­uels col­lec­tifs : fêtes de vil­lage, inau­gu­ra­tions, pas­sages de saisons, com­mé­mora­tions… À la souche, il y avait sans doute des chamanes, puis les reli­gions monothéistes ont pris la main. Aujourd’hui, pour les autres, qui s’en charge ? Les col­lec­tiv­ités ? Oui, mais on tombe sou­vent dans le pro­to­cole froid, la com­mu­ni­ca­tion, le poli­tique. Les multi­na­tionales ? Prob­a­ble­ment, mais seule­ment à con­di­tion de con­som­mer. Alors bien sûr, les asso­ci­a­tions organ­isent fêtes et fes­ti­vals ; on y con­somme de la musique et des per­for­mances… Mais on sort rarement du rôle de pub­lic et les pro­grammes s’adressent générale­ment à une cul­ture spé­ci­fique.

J’ai l’intuition qu’on manque d’espaces et d’organisations capa­bles de faire émerg­er de vraies célébra­tions col­lec­tives, de faire naître nos “sacrés com­muns”, de rassem­bler au-delà des con­fes­sions et des par­tis.

Je pense aus­si aux rit­uels indi­vidu­els : nais­sances, unions, deuils. On se retrou­ve sou­vent seuls, coincés entre les formes imposées par la reli­gion ou l’administration, qui déna­turent ces moments. Pour­tant, avec peu de moyens, beau­coup d’écoute, on pour­rait imag­in­er des trames sou­ples, adap­tées, respectueuses de ceux qui tra­versent ces pas­sages.

Nos espaces com­muns, nos tiers-lieux, offrent un ter­rain idéal pour ça : des lieux ouverts, agiles, capa­bles d’accueillir mariages, hom­mages, fêtes de sai­son, créa­tions spon­tanées. On voit timide­ment émerg­er ces usages. Encour­a­geons-les ! Ouvrons nos lieux aux célébra­tions famil­iales — imag­i­nons des pro­to­coles pour faire émerg­er des objets de célébra­tion col­lec­tive à par­tir de l’existant. Cela con­tribuera for­cé­ment à lut­ter con­tre l’effritement de notre société.